L'exposition "Rèves d'Automates" 3ème partie

Publié le 8 Avril 2015

Le Dandy Lunaire, automate de la Maison Vichy, un automate du Musée de Neuilly sur Seine

Le Dandy Lunaire, automate de la Maison Vichy, un automate du Musée de Neuilly sur Seine

COLLECTION DE LA VILLE DE NEUILLY-SUR-SEINE

À l’origine de la collection de la ville de Neuilly-sur-Seine se trouve un homme passionné, Jacques Damiot, antiquaire considéré comme l’un des plus grands collectionneurs français d'automates. En 45 ans, il assemble une collection de pièces du XIXe siècle qui, à son
décès, est acquise par la ville de Neuilly-sur-Seine. Cet ensemble présente tous les types
d’automates fabriqués à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, avec costumes
et mécanismes d’époque : tableaux animés, marines sous globe, personnages de type
androïde, automates de vitrines... Six pièces de l'exposition proviennent de cet
ensemble: le mangeur de pomme de terre, la pianiste, les singes prestidigitateurs,
un tableau animé, un cache-pot oiseau chanteur et le magnifique Dandy lunaire.

Automate de la Maison Decamps "La magicienne"

Automate de la Maison Decamps "La magicienne"

LE MUSÉE DE L’AUTOMATE DE SOUILLAC & MAISON DECAMPS


Depuis 1988, le Musée de l'automate de Souillac présente l'exceptionnelle collection
Roullet Decamps acquise par l'Etat. Automates mécaniques de salon, jouets automates ou
automates de vitrines démontrent la créativité prolifique de la Maison Decamps fondée
en 1860, la plus ancienne d'Europe qui fermera ses portes en 1995. Un automate original
est prêté par le Musée : un Singe cuisinier mécanique de Phalibois (vers 1880).
La mémoire de cette grande maison de fabricants est aujourd'hui entretenue par Cosette
Decamps-Bellancourt, toujours en possession de pièces prestigieuses telles que La Magicienne
(1880) avec son riche costume de satin et ses accessoires d'escamotage.

Lion automate, une reproduction de Renato Boaretto pour le Château du Clos Lucé à Amboise (C) DR

Lion automate, une reproduction de Renato Boaretto pour le Château du Clos Lucé à Amboise (C) DR

LE CHÂTEAU DU CLOS LUCÉ D’AMBOISE
À l’invitation de François Ier, Léonard de Vinci s’installe au Château du Clos Lucé, vit
les trois dernières années de sa vie, et se consacre à l’aboutissement de ses inventions.
Prolifique et inspiré, il travaille comme ingénieur, architecte et metteur en scène, organisant
pour la Cour des fêtes somptueuses. Dans sa résidence située à 300 mètres du
Château Royal d'Amboise, il dresse les plans d’un château modèle pour François Ier à
Romorantin et dessine l’escalier à double révolution de Chambord.
Le Château du Clos Lucé se consacre à la découverte et à la compréhension des savoirs du
Maitre italien (maquettes, films, expositions temporaires...). Léonard de Vinci créa de
célèbres automates et inventa de nombreux systèmes d'engrenage, tel le mouvement
d'horlogerie présenté en ouverture d'exposition.

LES ORIGINES ANTIQUES

CLEPSYDRES ET STATUES ANIMÉES
Sous l'ancienne Égypte, la statuaire mobile est utilisée à la fois dans les cérémonies du
culte et les jouets d'enfants. Dans certains temples grecs ou romains, on fait apparaître
des mécaniques destinées à effrayer ou à édifier la foule.
Les savants de langue arabe construisent des clepsydres en tous genres (horloges à eau) et
des horloges lumières. Enfin, la tradition chinoise mentionne l'utilisation de chars sur lesquels
un génie sculpté est dirigé par un aimant. Dès cette époque, les inventeurs de ces
machines simulant la vie sont accusés de magie et de maléfice par l'esprit populaire.

DES ALEXANDRINS PRÉCURSEURS
Les mécaniciens de l'École d'Alexandrie se sont particulièrement illustrés dans l'histoire
des automates. Philon de Byzance (fin du IIIe siècle avant JC) imagine des fontaines
à intermittence et des machines hydrauliques. Au Ier siècle après JC, le scientifique Héron
d'Alexandrie, auteur de 12 ouvrages, est l'un des premiers à décrire l'art de mesurer le
temps notamment à l'aide de cadrans solaires. Dans ses écrits intitulés “Pneumatiques”,
il s'ingénie à donner aux objets des formes humaines ou animales et leur faire accomplir
des mouvements toujours très simples : vases distributeurs d'eau et de vin, orgue
hydraulique et pour le culte public, débiteurs d'eau pour les aspersions rituelles ou système
permettant d'associer un son de trompette à l'ouverture des portes d'un temple. Héron
étudie par ailleurs les théâtres d'automates, utilisant des moyens purement mécaniques
pour produire des pièces de théâtre avec entractes, changements de décors et de scènes.

LES AUTOMATES D’AGRÉMENT
Al Jazari, l'un des constructeurs orientaux les plus célèbres, décrit en 1206 des appareils
actionnés par l'eau destinés aux ablutions ou pour distraire les convives. La sorcière décrite
par l’italien Fontana, vers 1420, possède trois fusées placées dans sa tête, crache le feu
par la bouche et les oreilles, agite ses bras et ses ailes...
Lors de son premier séjour à Milan en 1495, inspiré par ses études en anatomie,
Léonard de Vinci réalise l’ancêtre du robot capable de reproduire fidèlement les
mouvements de l'homme, en utilisant cordes et poulies. En 1517, à Argentan, Léonard,
promu organisateur des réjouissances à la cour de François Ier, conçoit, à l’occasion
d’une fête royale, un lion automate qui avance en remuant la tête et la queue, et qui,
frappé à la poitrine, laisse échapper des fleurs de lys.
Au XVIe siècle, les créations hydrauliques embellissent à merveille les châteaux. L'ingénieur
français Salomon de Caus imagine des fontaines et des grottes artificielles, des appareils
imitant le chant des oiseaux. Montaigne dans son journal de voyage en 1581, relate la
vue d'horloges et de grottes automates en Bavière, en Toscane ou près de Rome, à la villa
d'Este de Tivoli. En France, au Château de Saint-Germain-en-Laye, les statues articulées
conçues en 1598 par le florentin Franchini, offrent un déluge d'automates au son de musiques diverses.

LES AUTOMATES AUXILIAIRES DE LA FOI

Au Moyen-Âge, on représente souvent dans les églises des scènes animées de l'Ancien et du
Nouveau Testament à l'aide de figures mécaniques. Les Christs articulés sont forts répandus.
Les horloges apparaissent au début du XIVe siècle. Les couvents, les églises, les riches
villes et seigneurs désirent posséder un de ces précieux instruments. Les premiers automates
d'horloge sont surnommés Jaquemart ou Jacquemart en France, Jack en
Angleterre, Jean dans les Flandres, Hans dans les pays germaniques. Placé en haut du
clocher ou de la tour, l'automate, personnage de fonte homme ou animal, frappe sur une
cloche au moment précis commandé par l'horloge. Dès lors, on put voir les Rois Mages
s'incliner devant l'Enfant-Jésus, les Apôtres défiler... Les édifices municipaux s'inspirent
quant à eux des thèmes héraldiques, guerriers, symboliques, historiques. Les plus célèbres
horloges avec automates sont installées en 1354 à la cathédrale de Strasbourg ou à la
Basilique Saint-Marc à Venise, en 1493.
Des horloges automates destinées à la décoration des appartements (horloges d’entrée ou
de table) sont également conçues selon les principes de ces jaquemarts monumentaux.
Les premières horloges sont en fer, l'horloge de bois ne se développe que dans la
seconde moitié du XVIIe siècle et devient une spécialité de la Forêt Noire. En 1730,
Franz Anton Ketterer, l'un de ses principaux fabricants, ajoute à ses horloges un coucou
automate dont le chant annonce les heures. L'horloge en bois se pare de sujets divers :
moines, musiciens, danseurs, artisans, acrobates ou animaux qui se meuvent bientôt au
son d'une musique.

Rédigé par Philippe Sayous

Publié dans #Agenda

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