L'exposition "Rêves d'Automates" 5ème partie

Publié le 14 Avril 2015

Le fameux automate joueur d'échecs du baron Von Kempelen

Le fameux automate joueur d'échecs du baron Von Kempelen

LE MYTHE DU JOUEUR D'ECHECS

LE PRINCIPE DU “FAUX AUTOMATE”

"Le joueur d'échecs" est conçu en 1776 par Von Kempelen, le mécanicien autrichien
réputé pour son travail sur le mécanisme de la parole. L'histoire la plus répandue est celle
contée par Robert-Houdin dans ses Confidences d'un prestidigitateur (1858). Connu pour
avoir battu les plus grands de ce monde dont la Tsarine russe Catherine II ou Napoléon
Bonaparte, l'androïde aurait été à l’origine mu par un homme mutilé dépourvu de jambes
et joueur de grand talent, un rebelle nommé Worousky. La supercherie sera également
décrite par Edgar Allan Poe dans ses Histoires grotesques et sérieuses (1865).
De taille moyenne, habillé en costume traditionnel turc, “le joueur d’échecs” est assis
devant un coffre en forme de commode sur lequel est placé un échiquier. Muet, il fait
trois signes de la tête pour signaler l'échec au Roi et deux signes pour l’échec à la Reine.
Après une carrière internationale, l'automate est semble-t-il détruit dans l'incendie du musée
de Philadelphie, en 1854.

MYSTIFICATION ET POSTÉRITÉ
Célèbre dans le monde entier, le “Joueur d'échecs” inspire quantité d'oeuvres dont la Czarine,
drame d’Octave Gastineau et Jules Adenis. Représenté à l'Ambigu-Comique en mai 1868, il
présente une réplique du fameux automate, construite par Robert-Houdin. Écrivains,
historiens et cinéastes adapteront cette fascinante aventure...

L'automate Little Titch de la collection Philippe Sayous

L'automate Little Titch de la collection Philippe Sayous

LES AUTOMATES BOURGEOIS

DE GRANDES MAISONS DE FABRICANTS

Le marché s'étant élargi, les petits inventeurs et artisans qui n'ont, jusque là, réalisé que
des pièces uniques peuvent s'installer en tant que fabricants et développer leur établissement
jusqu'à fournir de l'emploi à plusieurs centaines d'ouvriers et d'ouvrières.
Art, artisanat, industrie, tout est lié. Les maisons Roullet-Decamps, Vichy, Bontemps,
Lambert et Phalibois construisent chaque année des milliers d’automates, dont le plus
grand nombre a disparu dans les soubresauts des déménagements et des guerres.


LES TABLEAUX ANIMÉS

Imaginés pour amuser et distraire les yeux, les tableaux mécaniques, dont la mode s’est
affirmée au XVIIIe siècle, sont popularisés au XIXe par les forains qui les exhibent dans les
villes et les campagnes. Leur fonctionnement simple s'accompagne souvent d'une musique
à peigne ou d'un carillon. Les personnages mobiles permettent d’attirer le public devant
les vitrines des magasins. Les thèmes les plus répandus illustrent la sérénade, les
contes et légendes populaires ainsi que des scènes ordinaires et burlesques...


LES AUTOMATES DE CIRQUE ET DE MUSIC-HALL

Au XIXe siècle, le cirque et le music-hall tiennent le haut de l’affiche. Paris vit alors au rythme
des représentations des grands cirques (Cirque d’Hiver, Medrano, des Champs Elysées…) où
les artistes rivalisent d’adresse et de bouffonneries. Les automates s’inspirent largement
des clowns, des acrobates et des musiciens, fascinés à la fois par leur costume, leur
maquillage et le défi que représente la reproduction de leurs mouvements.

Clown automate de la Maison Lambert

Clown automate de la Maison Lambert

LES ANIMAUX MÉCANIQUES

Réalisées avec le même soin que les imitations humaines, les bêtes artificielles ont un
comportement qui copie presque parfaitement le monde animal : paons, chiens, canards,
éléphants, singes, ours, constituent une partie du bestiaire des créateurs zoologistes.


LES AUTOMATES MAGICIENS

Les Jaquet Droz conçoivent en 1787 une paire de pendules à magiciens devins, dans
l’esprit des automates décrits par les traités de magie blanche du XVIIIe siècle. D'origine
très modeste, les frères suisses Maillardet établissent, dans la 1re moitié du XIXe, plusieurs
pièces à magiciens, dont deux sont aujourd'hui exposées au Musée de La Chaux-de-fonds :
“Le petit magicien” et “Le grand magicien”. Les oracles révélés par ces devins ont une
tournure naïve, voire ironique. Magicien et mécanicien français contemporain de Robert-
Houdin, Stèvenard réalise plusieurs automates miniatures qu'il présente, à l'occasion
de ses tours de prestidigitation, dans un théâtre d'automates à Paris.

L'oranger merveilleux, automate de Xavier Tapias (C) DR

L'oranger merveilleux, automate de Xavier Tapias (C) DR

LES AUTOMATES DE SPECTACLE

L’ORANGER MERVEILLEUX

L’Oranger merveilleux est le premier prestige de l'artiste à être reproduit dans la presse
et l’accompagne pendant toute sa carrière jusqu'à son brillant come-back en 1862.
Actionné par des jeux de pédales et des poulies, l’oranger prend vie : les fleurs et quatre
oranges apparaissent, dont une orange factice, qui s’ouvre pour dévoiler un mouchoir,
déplié par l’envol de papillons mécaniques.
Aucun spectateur ne peut soupçonner les trucages de l’oranger qui à l'époque orne les
jardins d'hiver d'une élite fortunée. Cette misdirection psychologique tout comme l'addition
de différents effets magiques (techniques ou de manipulation...) est l'une
des singularités magiques de l'artiste.


LE PÂTISSIER DU PALAIS ROYAL

Le pâtissier est le plus ancien automate ou faux automate magique de Robert- Houdin
qui soit parvenu jusqu'à nous. Cette invention originale ne reprend aucunement les procédés
mécaniques des versions antérieures. Son petit automate se présente tour à tour comme un
calculateur avisé ou un escamoteur habile: le public choisit sa pâtisserie et sa boisson selon
la carte du jour, livrées par le “petit pâtissier” qui rend également la monnaie...
Robert-Houdin déjoue encore l’attention: quand il remonte la clef de l’automate, on
ne peut se douter qu'un enfant caché à l'intérieur l’anime et le recharge en friandises.
L'utilisation habile des principes optiques dans la forme même de l’automate permet
cette dissimulation.

ANTONIO DIAVOLO

De l’avis de Georges Méliès, « l’automate trapéziste est certainement l'un des plus
célèbres, et celui dans lequel Robert-Houdin déploya, peut-être, le plus d'ingéniosité ».
Mis à l’affiche vers 1847, le voltigeur multiplie les prouesses : se tenir sur le trapèze, se
balancer, dire oui ou non, faire la culbute en avant et en arrière… Robert-Houdin parvient
à surmonter deux difficultés principales : l'absence de table et le fait que le voltigeur
lâche les mains en pleine vitesse pour se maintenir par ses jambes de bois. Le rôle principal
est en fait tenu par le trapèze qui contient presque tout le mécanisme.


DES INNOVATIONS CONSTANTES...

Robert-Houdin ne cessera à travers ses créations automates, de surprendre par son
ingéniosité. Le Garde-française, présenté en 1845-1846, utilise le principe du soufflet à
air comprimé. La Pendule aérienne, montrée en 1847 dans sa version définitive, a recours
à un tableau de commande électrique pour activer à distance le mouvement d'horlogerie.
Le Génie des roses (1847-1848) permet la mise au point d'un système d'éjection automatique
d'un canari !

Rédigé par Philippe Sayous

Publié dans #Agenda

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